L’otite moyenne sécrétoire (OMS)( version PDF )
L’otite moyenne sécrétoire, aussi appelée otite séro-muqueuse ou glue ear, est une maladie touchant essentiellement l’enfant et dont l’origine est mal connue. Elle est caractérisée par la présence de liquide de viscosité variable dans l’oreille moyenne et les cavités qui l’entourent. L’aspect du liquide de cet épanchement est variable. Il peut être fluide (séreux) ou plus épais et filant (muqueux), d’où les termes d’otites séreuse et muqueuse. Ce liquide est produit par l’apparition de cellules dites caliciformes dans la muqueuse de l’oreille moyenne, cellules normalement absentes. Ces cellules apparaissent lors d’une inflammation non spécifique de la muqueuse de l’oreille moyenne. Avant l’âge scolaire, plus de 60% des enfants présentent ce type de maladie. L’OMS apparaît dans le courant de la première année de vie, atteint son maximum de fréquence entre deux et cinq ans – en particulier l’hiver – et disparaît progressivement entre six et huit ans. Au delà de cet âge, il faut craindre une évolution vers la chronicité . L’anamnèse est souvent peu fiable et la symptomatologie classique est assez frustre : sensation de pression dans l’oreille sans douleur nette, diminution le plus souvent légère de l’audition, inattention à l’école et écoulement fréquent du nez. L’otoscopie est le plus souvent suffisante pour poser le diagnostic. Elle est très variable en fonction de la position du tympan et de la couleur du liquide contenu dans l’oreille moyenne (figure 8). L’otoscopie doit aussi rechercher toute altération du tympan, notamment les rétractions qui sont des signes avant-coureurs d’une possible évolution défavorable (figure 9). L’examen de l’arrière-nez par rhinoscopie postérieure fait partie de l’examen clinique. Souvent, l’OMS est associée à une diminution de l’audition plus ou moins marquée en raison de la diminution de la mobilité des osselets provoquée par le liquide qui les entoure. Cette diminution de l’audition est de transmission et se reconnaît facilement sur un test de l’audition. L’OMS se présente soit de manière isolée soit, comme c’est souvent le cas, après une otite moyenne aiguë. Par ailleurs, la présence de liquide dans l’oreille moyenne est un terrain idéal pour le développement de nouvelles otites moyennes aiguës. L’OMS peut être de courte durée ou devenir chronique. Dans 90% des cas, son évolution est spontanément favorable. Différents facteurs sont connus comme étant susceptibles de jouer un rôle dans le développement de ces otites séro-muqueuses parmi lesquels la fumée passive au domicile, le temps passé en crèche ou en garderie et le lait entier de vache . La suppression de ces facteurs amène souvent une régression de l’OMS.
Les traitements de l’OMS sont aussi nombreux que les écoles de médecine. Les plus fréquemment proposés sont l’ablation des végétations avec incision de drainage des tympans , la pose de drains transtympaniques et l’antibiothérapie à petites doses pendant quelques mois. Ces divers traitements sont actuellement fort discutés dans le milieu médical sans qu’un consensus clair soit universellement accepté. On commence généralement à traiter une OMS si son évolution dure plus de trois mois avec une répercussion sur l’audition ou si le tympan montre des altérations. Ce traitement doit être adapté à chaque situation et clairement expliqué. L’ostéopathie et l’homéopathie peuvent être envisagées dans le traitement de l’OMS sans altération du tympan. Les points qui font encore débat pour ce qui est de l’OMS sont les suivants :
- le diagnostic est-il fiable ?
- s’agit-il d’un phénomène inflammatoire ou infectieux ?
- les antibiotiques sont-ils efficaces ?
- quelles sont les implications à long terme au niveau du langage ?
- à quel moment faut-il proposer un traitement chirurgical et le cas échéant quel
type de traitement proposer ? - faut-il mettre des drains trans-tympaniques en première intention ?
Le propos n’est pas de discuter tous ces points. Néanmoins, on peut dire que la pathogenèse de l’OMS n’est pas clairement comprise et que les traitements doivent être décidés après un examen clinique et non selon des idées préconçues ou des schémas thérapeutiques préétablis. Le traitement proposé ne doit pas provoquer plus de dégâts que la maladie elle-même de même que l’agressivité du traitement doit être progressive, gardant la chirurgie comme dernière solution. L’OMS présente deux complications possibles : la surinfection correspondant à une otite moyenne aiguë et le développement d’une otite adhésive. Dès le moment où le tympan montre des altérations, notamment des poches de rétraction, un suivi régulier et prolongé est impératif car le développement possible d’une otite adhésive est difficile à prévoir et peut concerner 2,5 à 6,5% des cas. Ce problème est d’autant plus important après l’âge de huit ans .