Médicaments et surdité( version PDF Télécharger le PDF )

Certains médicaments sont toxiques pour l’oreille interne et provoquent une surdité de perception associée ou non à des acouphènes et des vertiges. L’oreille externe et l’oreille moyenne ne sont pas concernées par ce problème. On définit ces médicaments comme ototoxiques[i]. La surdité résulte de leur action directe sur les structures de la cochlée. Selon le mécanisme de la lésion, cette surdité peut être transitoire ou définitive. L’atteinte touche le plus souvent les deux oreilles de manière symétrique car la plupart de ces médicaments sont administrés par la bouche ou par injection. Elle peut être unilatérale si des médicaments ototoxiques sont appliqués directement dans l’oreille et en cas de perforation du tympan. Les principaux médicaments ototoxiques se subdivisent en différentes catégories :

Antibiotiques

Ce sont surtout les dérivés des aminglycosides comme la streptomycine, la gentamicine, la tobramycine, la néomycine, l’érythromycine et la vancomycine. Leur action est directement liée à leur concentration dans l’oreille interne et à la durée de la prescription. L’atteinte est souvent irréversible. L’utilisation de ces antibiotiques doit être correctement discutée en pesant ses avantages et ses risques. De nos jours, ils sont de moins en moins utilisés.

Anticancéreux

Les plus toxiques sont le cis-platine et ses dérivés. D’autres substances comme le 5-fluorouracil, la bléomycine et la vincristine sont aussi incriminées. A partir d’une certaine dose, les lésions deviennent irréversibles. Il est opportun d’effectuer un test de l’audition avant de se faire traiter avec de telles substances surtout si une diminution de l’audition est déjà connue.

Diurétiques de l’anse rénale

Les plus connus sont le furosémide, l’acide éthacrinique et le bumétanide. Ils sont ototoxiques essentiellement lorsqu’ils sont administrés par voie intraveineuse. La diminution de l’audition survient souvent immédiatement après la prise du médicament et est normalement réversible. Ces médicaments peuvent aussi potentialiser l’ototoxicité des antibiotiques.

Salicylates

L’aspirine en est le représentant le plus connu, mais d’autres anti-inflammatoires comme l’indométacine, l’ibuprofène ou le naproxène peuvent entraîner des lésions de la cochlée. Ces dernières surviennent le plus souvent après un traitement de longue durée et à des doses importantes. Elles sont généralement réversibles en quelques jours après l’arrêt du médicament. La surdité est souvent accompagnée par des acouphènes de survenue précoce.

Quinine

Comme ses dérivés et la chloroquine, elle est utilisée surtout dans le traitement de la malaria. Elle peut provoquer une diminution de l’audition transitoire qui touche plus facilement les fréquences aiguës. Cette dernière est souvent associée à des acouphènes et des vertiges apparaissant quelques heures après la prise du médicament.

Ces surdités sont plus fréquentes chez les patients présentant une insuffisance rénale ou chez les patients dont l’oreille interne présente déjà des lésions. Certaines autres substances comme l’arsenic, l’oxyde de carbone, les iodures, le tabac, l’alcool et des substances industrielles contenant du plomb, du sulfure de carbone, du benzol et du mercure peuvent aussi provoquer des atteintes de l’oreille interne.


[i] http://pagesperso-orange.fr/schlosser-aix/medicaments_ototoxiques.htm