L’otite moyenne chronique (OMC)( version PDF Télécharger le PDF )

Figure 10

Figure 10 : OMC active

Depuis plus de 150 ans, le traitement de l’inflammation chronique de l’oreille moyenne a été le sujet de vives controverses dans le milieu médical, donnant souvent l’occasion d’assister à des prises de positions tranchées, voire passionnelles ou dogmatiques. Ce regard sur le passé montre que les conceptions actuelles sont l’aboutissement d’un long cheminement et qu’il y a tout lieu de penser que le processus n’est pas terminé. Pendant longtemps, l’OMC a été définie comme une inflammation de l’oreille moyenne évoluant depuis plusieurs semaines. Seul le facteur temps était pris en compte. On y ajoute aujourd’hui souvent un concept d’inflammation passive autoentretenue dans la compréhension de l’OMC. Il existe différentes formes cliniques d’OMC mais aucun auteur a proposé une classification acceptée par tous. Le problème principal est que l’OMC est multifactorielle et que la réaction inflammatoire dans l’oreille moyenne y prend des caractères relativement originaux. Elle peut se développer en silence, être localisée dans certaines parties de l’oreille moyenne et être autoentretenue par des facteurs inconnus. Elle semble se développer toute seule sans rapport avec la réactivité générale du corps. L’OMC passe par des phases d’activité et d’évolution qui modifient régulièrement son aspect clinique. Elle peut aussi passer par des phases d’inactivé avec des cicatrices bien visibles. La part des choses est

Figure 11

Figure 11 : OMC sèche

souvent difficile à faire. Il est classique de dire que l’OMC est multiconditionnée mais les interactions des différents facteurs en cause ne sont pas toujours évidentes : le fonctionnement de la trompe d’Eustache, les variations anatomiques, la qualité des fibres du tympan, la qualité de la réponse corporelle à une inflammation, l’environnement urbain et domestique, l’influence des premiers traitements et la nature des agents infectieux jouent un rôle dans les épisodes aigus. L’oreille moyenne constitue un site immunologique particulier ou la chronicité trouve des conditions favorables pour se développer sans pour autant avoir une explication univoque. En fonction de son développement, l’OMC peut prendre différentes formes cliniques avec une terminologie variable dans la littérature médicale. Les principales sont :

Figure 12

Figure 12 : tympanosclérose du tympan

L’OMC active, c’est-à-dire en phase d’infection aiguë avec écoulement de pus par une perforation du tympan parfois associé à des douleurs (figure 10). La diminution de l’audition est plus ou moins importante.

L’OMC inactive, c’est-à-dire sans activité particulière. Le tympan présente toujours une perforation (figure 11) avec une légère diminution de l’audition. C’est la situation la plus fréquente. Parfois, elle peut passer en phase active avec l’apparition d’un écoulement.

Figure 13

Figure 13 : tympanosclérose de l'oreille moyenne

La tympanosclérose est un dépôt de matériel dur à base de calcium et de phosphate qui se trouve le plus souvent dans le tympan (figure 12) mais aussi dans la muqueuse de l’oreille moyenne (figure 13). Dans ce dernier cas, elle est souvent associée à une perforation. C’est un stade de cicatrisation de l’OMC. Lorsque que la tympanosclérose ne concerne que le tympan, elle n’a en général que peu de répercussion sur l’audition. En revanche, lorsqu’elle concerne la muqueuse de l’oreille moyenne, elle peut produire des « blocs blancs » susceptibles de diminuer la mobilité des osselets, créant une perte de l’audition relativement importante.

Figure 14

Figure 14 : poche de rétraction atticale

Les poches de rétraction, où le tympan est attiré dans l’oreille moyenne en formant des poches de taille variable[i], sont situées le plus souvent au niveau de l’attique (figure 14) ou de la partie postérieure du tympan. La poche peut même concerner tout le tympan. On parle alors d’atélectasie du tympan (figure 15). Le processus de création des poches de rétraction est souvent appelé otite adhésive. C’est la complication la plus redoutée de l’otite séro-muqueuse. Presque dès le début de son évolution, la poche va adhérer aux différentes structures de l’oreille moyenne comme les osselets ou le promontoire.

Elle se manifeste à bas bruit par une diminution très lente et progressive de l’audition. Le problème principal d’une poche de rétraction est qu’elle peut produire une érosion des osselets ou conduire au développement d’un cholestéatome. Les poches de rétraction nécessitent une surveillance régulière par un spécialiste.

En raison de ces différents aspects, l’OMC va présenter des symptômes souvent peu marqués sauf dans la phase d’activité de la maladie. Son aspect otoscopique est ainsi très variable et parfois d’interprétation difficile. Il demande quelquefois beaucoup d’expérience de l’examinateur et est la clé du diagnostic. Un examen audiométrique, dont vont souvent dépendre les modalités du traitement, est indispensable dans la prise en charge de l’OMC.

Figure 15

Figure 15 : atélectasie du tympan

Le traitement est essentiellement chirurgical et doit être discuté de cas en cas. Il n’est pas toujours nécessaire d’opérer car on peut vivre avec certaines formes d’OMC sans trop de soucis.

Par exemple, une tympanosclérose avancée sans atteinte auditive ne nécessite pas de traitement, mais une petite poche de rétraction mal placée et sans symptôme nécessite un traitement chirurgical pour éviter qu’elle développe des complications plus importantes comme un cholestéatome.


[i] Une poche de rétraction est une rétraction, une invagination ou un affaissement d’une partie ou de la totalité du tympan dans l’oreille moyenne. En regard de cette poche l’armature fibreuse de la couche intermédiaire du tympan est affaiblie ou détruite.

Articles liés