Classification( version PDF Télécharger le PDF )

Basé sur un questionnaire historique pour chaque cas d’acouphène (TSCHQ), le bilan médical initial doit permettre de classifier l’acouphène car l’acouphène objectif (souvent pulsatile ou rythmé) est pratiquement toujours en relation avec une pathologie connue de type vasculaire (hypertension artérielle, artériosclérose, chémodectome (Appelée aussi tumeur glomique, c’est une tumeur bénigne rare de l’oreille moyenne à point de départ vasculaire au niveau des corpuscules glomiques entourant les vaisseaux, notamment la veine jugulaire qui passe dans le fond de l’oreille moyenne. Son extension est variable et elle atteint différents stades d’invasion dans les structures avoisinantes. Elle est souvent reconnaissable par otoscopie car elle se manifeste par la présence d’une masse rouge pulsatile derrière le tympan. Son traitement est essentiellement chirurgical, la technique utilisée variant fortement suivant la taille de la lésion), fistule ou malformation artério-veineuse, ou autre – souvent pulsatile et rythmée par le coeur) ou musculaire (myoclonie d’origines diverses : idiopathique, traumatisme crânien, accident vasculaire cérébral, sclérose en plaques, méningite, ou autre – souvent sous forme de « clics » rythmés et réguliers provenant généralement des muscles de l’oreille moyenne ou de la trompe d’Eustache), mais aussi squelettique (notamment des « craquements » de l’articulation temporo-mandibulaire) ou respiratoire (souvent bruits de « souffles » rythmés par la respiration passant par la trompe d’Eustache). Pour les muscles de l’oreille moyenne, le traitement de ce type d’acouphène est chirurgical. Il  consiste à sectionner le tendon du muscle incriminé. Pour les muscles de la trompe d’Eustache, des injections régulières de Botox peuvent être utilisées car la chirurgie n’est pas possible dans ces cas-là. Ce bilan doit aussi permettre d’exclure toute pathologie otologique symptomatique connue pouvant provoquer un acouphène subjectif comme l’otospongiose, le neurinome de l’acoustique, la maladie de Menière, la surdité brusque, le traumatisme acoustique, les médicaments ototoxiques, ou n’importe quelle otite moyenne ou interne. L’examen de la fonction de l’articulation temporo-mandibulaire, de l’occlusion dentaire et de la mobilité de la colonne cervicale font partie du bilan. Le plus souvent, l’acouphène subjectif n’est pas associé à une lésion sous-jacente clairement identifiée, mais seulement suspectée dont l’exposition sournoise et chronique au bruit de l’environnement, et la presbyacousie en sont les principales (l’acouphène est plus fréquent chez les personnes de plus de 60 ans). L’association avec une diminution de l’audition est souvent trouvée, mais la relation entre les deux n’est pas claire car de nombreuses personnes présentant une diminution de l’audition ne présentent pas d’acouphène.

Une autre classification peut être intéressante : elle sépare l’acouphène considéré comme un symptôme et l’acouphène considéré comme une « maladie propre », même si ce terme n’est pas très approprié. L’acouphène symptôme, qui peut être objectif ou subjectif, est de loin le plus fréquent. Il se retrouve dans les maladies de l’oreille mais aussi dans certaines maladies neurologiques, métaboliques ou cardio-vasculaires ou est provoqué par des événements extérieurs comme la prise de médicaments ou un traumatisme acoustique. L’acouphène « maladie propre » est toujours subjectif et beaucoup plus compliqué. Il se manifeste en cas d’anxiété, de dépression et de certains troubles de la personnalité ou de troubles psychiatriques.

Face à un acouphène subjectif sans substrat pathologique connu et souvent avec une audiométrie classique normale (qui ne peut montrer la lésion cochléaire certainement sous-jacente), le bilan médical complémentaire doit établir un historique de l’acouphène et pouvoir quantifier la sévérité de l’acouphène notamment par le questionnaire de l’handicap acouphénique (TQ/THQ) ou l’inventaire du handicap acouphénique (THI). Ce questionnaire a pour but de connaître la nature et l’importance des difficultés journalières que provoquent l’acouphène. Ce questionnaire se compose de 25 questions. Une échelle visuelle analogue (VAS) simple de 0 à 10 permet d’évaluer l’impact quotidien des acouphènes et son évolution au cours du temps. Cette échelle est essentiellement utilisée pour mesurer la douleur.

Il existe d’autres échelles de gradation de l’acouphène comme celle proposée par l’AI pour quantifier en % l’importance de l’atteinte physique correspondante (0% – 5% – 10% maximum) utilisée notamment pour les expertises médicales. Le bilan audiométrique associé doit essayer de cerner précisément la fréquence de l’acouphène. Les oto-émissions acoustiques spontanées et provoquées (générées par les cellules ciliées externes), l’impédancemétrie (mesurant le réflexe stapédien), de même que les potentiels évoqués auditifs précoces (relatives aux voies auditives) permettent parfois de différencier certains patients présentant un acouphène avec une audiométrique tonale identique. Ce n’est qu’après ce bilan, qu’une orientation thérapeutique doit être envisagée, avec trois directions principales : la thérapie comportementale cognitive (par exemple l’approche bio-psycho-sociale, relaxation, sophrologie, certaines médecines alternatives), la stimulation acoustique (comme la thérapie auditive d’habituation (TRT) ou le masquage/bruitage fréquentiel) et la neuromodulation par réinitialisation coordonnée (Desyncra Neuromodulation CR®). Cette première orientation thérapeutique reste difficile et ce n’est souvent qu’après un premier traitement que celui-ci se confirme être le plus approprié. Les traitements peuvent aussi être associés.

Bibliographie et liens

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Dernière modification 13.04.2016