Le barotraumatisme de l’oreille( version PDF Télécharger le PDF )

Le barotraumatisme de l’oreille, appelé aussi barotraumatisme otitique, est l’accident le plus fréquent durant la plongée, surtout pendant la descente et le plus souvent au passage du premier palier vers trois à quatre mètres de profondeur. Il est provoqué par les variations de la pression et des volumes gazeux dans l’oreille rencontrées surtout lors de la plongée mais aussi lors du décollage ou de l’atterrissage d’un avion et lors de tous changements rapides d’altitude. Le plongeur n’arrive pas à équilibrer la pression dans l’oreille moyenne au moyen de sa trompe d’Eustache car celle-ci ne s’ouvre plus correctement. Le barotraumatisme de l’oreille concerne surtout l’oreille moyenne, car c’est là que se trouve l’air. Il peut aussi toucher l’oreille externe ou l’oreille interne. Le tympan se déforme en fonction de la différence de pression mesurée entre l’extérieur et l’intérieur de la caisse du tympan et peut subir des lésions allant jusqu’à la rupture. A la descente, la pression extérieure sur le tympan va augmenter et le pousser vers l’intérieur, ce qui va compresser l’air contenu dans l’oreille moyenne. Ce dernier ne peut en effet plus s’échapper car la trompe d’Eustache est bloquée. A la montée, c’est le contraire, c’est-à-dire que la pression de l’air contenu dans l’oreille moyenne va augmenter et pousser le tympan vers l’extérieur. La douleur est le maître symptôme du barotraumatisme de l’oreille et se manifeste lors de la compression ou de la décompression de l’oreille moyenne. Parfois des vertiges et une diminution de l’audition apparaissent lors de la rupture du tympan. Cinq stades otoscopiques sont reconnaissables :

Figure 1

Figure 1 : barotraumatisme avec sang dans l'oreille moyenne

  • rougeur du manche du marteau et de l’attique
  • rougeur diffuse du tympan avec rétraction
  • rougeur hémorragique avec liquide séreux de l’oreille moyenne
  • sang dans l’oreille moyenne ou hématotympan (figure 1)
  • perforation à bords francs du tympan.

Cette classification est utile, mais est parfois difficile, car les lésions peuvent être intriquées, voire modifiées par d’anciennes cicatrices tympaniques. Par ailleurs, les lésions sont susceptibles d’évoluer encore jusqu’à 48 heures après le traumatisme. Il existe une autre classification en trois stades qui tient compte à la fois des symptômes et de l’otoscopie :

  • symptômes avec otoscopie normale
  • symptômes avec otoscopie anormale, mais sans perforation
  • symptômes avec perforation du tympan.

Le traitement dépend de l’importance de la douleur, de l’atteinte otoscopique associée à la présence ou à l’absence de perforation du tympan et doit être le moins agressif possible. Le médicament principal est l’antalgique. De nombreux autres médicaments utilisés très couramment, comme les corticoïdes ou les antibiotiques, sont le plus souvent inefficaces. Un audiogramme est indiqué dans les premiers jours pour s’assurer de la normalité de l’oreille interne. Le contrôle final doit montrer une otoscopie normale pour permettre une reprise de la plongée. Normalement, si un barotraumatisme arrive pendant la plongée, il est fortement conseillé de remonter afin d’éviter des dégâts plus importants dans l’oreille. Le risque majeur en cas de barotraumatisme est l’apparition de vertiges qui vont perturber l’orientation dans l’espace jusqu’à rendre impossible la poursuite de la plongée et la remontée sans l’aide d’un camarade. Après la plongée, un examen de l’oreille est fortement recommandé, ne serait-ce que pour faire un bilan des lésions possibles et pour discuter des prochaines plongées.

Beaucoup plus rarement, le barotraumatisme peut aussi toucher l’oreille interne. Il peut être mixte (environ une fois sur deux), c’est-à-dire toucher à la fois l’oreille interne et l’oreille moyenne. Il résulte du même mécanisme que le barotraumatisme de l’oreille moyenne. Trois types de lésions peuvent arriver :

  • une hémorragie dans l’oreille interne
  • une rupture de la membrane de Reissner
  • une fissure au niveau de l’une des deux fenêtres de l’oreille interne.

Le mécanisme lésionnel précis fait encore débat. Le barotraumatisme de l’oreille interne se manifeste par l’apparition soudaine d’un vertige souvent accompagné d’acouphènes et d’une diminution de l’audition. Le traitement est aussi discuté : faut-il prescrire des médicaments ou passer par la chirurgie ? Pour le moment, les avis divergent encore au sein du milieu médical. L’une des difficultés principales réside dans la rareté de ce type de barotraumatisme. Le meilleur traitement reste la prévention. Aucune plongée ne doit être entreprise si les manœuvres de décompression de l’oreille sont impossibles à vide avant de rentrer dans l’eau.

Encore plus rarement, le barotraumatisme peut concerner l’oreille externe si le conduit auditif externe est obstrué par du cérumen, si une cagoule de plongée est trop serrée ou en cas d’utilisation de tampons auriculaires. Des lésions de la peau du conduit sont possibles voire une perforation du tympan par hyperpression.